Publié le Jeu 09 Janvier 2025 123 Vue(s) [149 articles]
Élu président de la République ce jeudi 9 janvier après une vacance de plus de deux ans, le chef de l’armée, le général Joseph Aoun, hérite d’un pays en lambeaux. Face aux immenses défis, il affiche de grandes ambitions.
Après une séance parlementaire
mouvementée, le général Joseph Aoun, âgé de 60 ans, a été élu président de la
République dans un Liban exsangue, qui peine à se relever de la guerre
dévastatrice avec Israël, à surmonter la crise économique qui le frappe depuis
2019 et à panser les plaies de l’explosion cataclysmique du port de Beyrouth,
en août 2020.
Cette succession de malheur a mis à genoux le pays qui accueille deux millions
de réfugiés et de déplacés syriens, et dont une partie du territoire est
désormais occupée par l’armée israélienne, depuis octobre dernier.
Les défis qui attendent cet officier de terrain, décoré 13 fois et blessés au
combat à deux reprises, sont immenses.
Les plus urgents concernent la consolidation de la fragile trêve conclue le 27
novembre, violée près d’un millier de fois par Israël, et le retrait total des
troupes israéliennes du sud du Liban.
Joseph Aoun hérite d’une économie en ruines, d’un secteur bancaire en faillite
et d’un système politique miné par la corruption, le népotisme et le
clientélisme.
Il dirige un pays autrefois prospère, mais aujourd’hui appauvri et mis au banc
des nations par les pays occidentaux à cause de son incapacité à engager des
réformes politiques, financières et économiques.
Une tâche immense
Dans le discours d’investiture qu’il a prononcé au Parlement après son
élection, Joseph Aoun semble conscient de l’immensité de la tâche qui l’attend
et affiche de grandes ambitions.
« Il faut changer de vision politique en ce qui trait à
la protection de nos frontières, nos politiques économiques, notre
conception de l'État et du développement et nos politiques
environnementales », a-t-il martelé sous les salves d’applaudissements des
députés.
Sur le plan interne, le nouveau président veut lancer de « vastes
réformes » et promet de travailler « avec tous pour protéger le droit
des Libanais ». « Aucune communauté ne sera privilégiée par rapport à
une autre et aucun Libanais ne sera privilégié par rapport à un autre. Je
protègerai l'environnement et les libertés et j'investirai dans l'éducation,
surtout publique (…), a-t-il dit. Nous n'avons pas de temps à perdre. Notre
devoir est d'être des femmes et hommes d'État qui pensent à l'avenir de nos
jeunes générations, à l'intérêt public et non aux intérêts privés. Je ne vous
décevrai pas ».
Évoquant la situation économique, Joseph Aoun a assuré qu’il
sera « intraitable sur (la restitution par les banques de) l'argent
des déposants », bloqués et dévalorisés après la crise qui a éclaté en
2019. « Sous mon mandat, les banques seront soumises à la loi », a-t-il
lancé.
« Le monopole des armes »
Le nouveau chef d’État a indirectement soulevé la question épineuse et clivante
des armes du Hezbollah. « Les autorités auront le monopole des armes,
a-t-il dit. Il faut que l'État investisse dans son armée pour être capable de
protéger ses frontières, lutter contre la contrebande et le terrorisme et
empêcher les agressions israéliennes ».
Il est nécessaire, selon lui, « de discuter (avec le Hezbollah) d'une
stratégie de défense sur les plans diplomatique, économique et militaire pour
que l'État libanais puisse lutter contre l'occupation israélienne ».
En termes de politique étrangère, Joseph Aoun préconise une ouverture sur
« l’Orient et l'Occident et sur la communauté internationale ». Une
ouverture « basée sur le respect mutuel, la souveraineté du Liban et sa
liberté de décision ».
Il souhaite établir les meilleures relations avec les pays arabes, adoptera une
« neutralité positive » vis-à-vis des questions régionales et
s’engage à « n'exporter dans ces pays que le meilleur du Liban ».
Ces positions répondent aux souhaits de l’Arabie saoudite et des États du Golfe
qui reprochaient au Hezbollah ses « ingérences » (au Yémen, en Irak…)
pour « servir les intérêts iraniens ».
Le nouveau président libanais voit une « chance historique de discuter
avec la Syrie pour régler tous les problèmes, notamment le respect de la
souveraineté des deux pays et le dossier des réfugiés de manière rationnelle »
RFI
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