interview

Ramon PERISSET (l’homme qui traverse l’Afrique à vélo et à pied), UN TOURISTE PAS COMME LES AUTRES


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Publié le Jeu 06 Juillet 2023 436 Vue(s) [7 articles]


Ramon PERISSET (l’homme qui traverse l’Afrique à vélo et à pied)

Ramon Perisset, de nationalité suisse, a entrepris de traverser le continent Africain à la fois à vélo et à pied. À l’étape de la Côte d’Ivoire, après qu’il ait parcouru une dizaine de pays, akwabavision.com l’a rencontré. Vivant sous un hangar, isolé dans la forêt à 1 km du village de KOFAKOI, au bord de la lagune ébrié, à l’est du Grand- Abidjan, il a accepté de partager ses expériences. Dans cet échange à bâtons rompus, celui qui se dit amoureux de l’Afrique et des Africains, explique les péripéties qu’il a traversées et surtout ses motivations : « Je viens rencontrer ma famille en Afrique. En tant qu’êtres humains nous sommes tous frères », affirme-t-il souriant et l’air déterminé à réussir son challenge.

Quelle curiosité vous a poussé à effectuer ce parcours, à pied et à vélo en terre africaine ?

 

Plusieurs raisons dont la principale se justifie par le fait que l’Homme en tant qu’espèce vient de l’Afrique. Donc c’est en quelque sorte un retour à la source. Je suis à la recherche de la maison-mère, de l’humanité, et ce, en référence à l’enseignement historique qui indique que l’Afrique est le berceau de l’humanité.

 

Combien de temps vous a-t-il fallu pour arriver en Côte d’Ivoire depuis votre départ de la Suisse ?

 

Parti de la Suisse il y a 4 mois et demi, j’ai découvert l’Afrique, un continent d’amour très humaniste et respectueux de la valeur humaine.

 

Combien de pays avez-vous traversés ?

 

 

J’ai déjà traversé dix pays, dont deux européens et huit africains. Depuis que j’ai quitté la Suisse, j’ai traversé la France, l’Espagne, le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Sierra-Léone, la Guinée Conakry, avant d’entrer en Côte d’Ivoire. Maintenant j’attends mon visa d’entrée au Ghana.

 

Avez-vous rencontré des difficultés ? Si oui, Lesquelles ?

 

En réalité, des difficultés, je n’en ai pas véritablement rencontré jusqu’à présent, sauf que ma famille, mes amis, mon jardin à la maison……me manquent par moment.

 

 

Et votre cellule familiale composée de votre femme et vos enfants ne vous manque-t-elle pas ?

 

Une cellule familiale regroupant Madame, les enfants et moi-même, je n’en ai pas pour l’instant. Et c’est peut-être ce qui me facilite la tâche pour que je me mette ainsi à l’aventure.

 

 Peut-on connaître votre âge et votre activité professionnelle ?

 

J’ai juste 26 ans, c’est peut-être ma barbe qui impressionne ; mais pour moi l’âge n’est pas vraiment important. C’est un peu comme la couleur de la peau. Quant à mon activité principale, elle est d’ordre agropastoral.


Comment avez-vous pu joindre le continent Africain à partir de l’Europe ?

 

J’ai traversé la mer méditerranée en bateau. Entre Tarifa en Espagne et Tanger au Maroc, il y a seulement 10 km. C’est à côté du détroit de Gibraltar. Nous avons traversé cette petite distance en seulement 30 mn.


Que visez-vous au juste ? Faire le tour du continent Africain ou le traverser longitudinalement ?

Je veux essayer de traverser le continent africain jusqu’en Afrique du Sud, par la côte ouest.

 

Au cours de votre périple, votre bicyclette ne risque-t-elle pas de s’abimer et compromettre la réussite de votre projet ?


Les pneus ont connu une dizaine de crevaisons au moins, mais jusque-là il résiste et j’ose croire que j’arriverai à bon port avec.

 

Vous êtes à retrait ici dans la forêt, isolé du monde et de la chaleur humaine que vous dites rechercher. Alors, comment pourrez-vous apprécier à sa juste valeur, le caractère spécifique de l’accueil ici en Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier ?

 

Il ne faut pas confondre toutes les circonstances avec celles de l’instant actuel que je vis dans ce campement isolé.  La plupart du temps, je roule sur des routes au bord desquels je m’arrête pour acheter à manger ; j’en profite pour discuter avec des gens qui ne me refusent généralement pas l’hospitalité. Parfois je me fais inviter et il m’arrive même de dormir chez des hôtes inconnus. Nous mangeons et dormons ensemble. Ces gens sont disponibles et dotés d’un sens inégalé de l’amour du prochain. C’est vraiment sympa……….

 

Vous traversez seul des forêts, des savanes, des collines………. vous n’avez donc pas peur de croiser des serpents ou autres animaux dangereux ?

 

J’ai un faible pour la nature. J’aime énormément vivre en plein air, en pleine forêt, dans la nature en un mot. Je n’ai pas peur d’affronter ce qui effraie les autres dans la nature car, je remplace la peur par l’amour, pour la bonne raison que l’amour occasionne l’amour et la peur occasionne la peur. J’ai croisé un mamba vert. Mais je n’ai pas eu envie de le tuer, parce qu’il ne constituait aucun danger pour moi.   

 

A l’instar des chercheurs, on suppose que vous consignez par écrit, tous les événements particuliers qui vous auront marqué, en vue d’immortaliser ce tour d’Afrique.

    

Je prends effectivement des photos au moyens de mon téléphone et quotidiennement, j’y consigne par écrit, mes sentiments, sensations et émotions. Mais un jour, je dormais en Gambie, sur une superbe plage ; les bruits des vagues étaient si forts que pendant ma sieste, quelqu’un en a profité pour voler mon téléphone sans que je ne m’en rende compte.  Du coup, j’ai perdu tous mes écrits, photos et contacts. J’ai dû par la suite, acheter un autre téléphone, mais je n’ai plus la même détermination à prendre des notes et des photos.


Si vous ne prenez pas de photos, et vous n’écrivez pas non plus, comment pourrez-vous prouver que vous avez fait tout ce parcours ?

 

Pour moi, faire des photos c’est finalement secondaire. Je vise à rapporter un souvenir de l’instant présent, c’est tout. Ce qui m’importe, c’est de rencontrer des gens, parler avec eux. Je ne compte pas écrire comme le font les chercheurs. C’est juste pour ma propre curiosité d’Homme à la recherche d’une réalité vivante à savoir : l’origine de l’homme, la cohésion sociale et l’amour des humains entre eux.


Marcher ainsi sur de longues distances n’est-ce pas que c’est éprouvant et même source de découragement à certains moments ?


La première semaine était assez éprouvante parce qu’il fallait adopter un rythme effréné pour parcourir plus de 100 kilomètres par jour pendant une semaine. Mais au fil du temps, le corps s’est habitué, bien que ce fût difficile et à présent, ce qui prévaut c’est simplement atteindre l’objectif visé.   


Y-a-t-il d’autres raisons qui vous motivent par rapport à votre aventure ?

 

Il y a une appréhension qui anime les Européens, par rapport à l’étranger en général. Mais moi, je ressens l’inverse avec beaucoup d’amour et d’attraction pour les étrangers.  Et telle une compensation, je reçois aussi beaucoup d’amour des gens d’ici parce que je suis un étranger. Il y a aussi la considération injustifiée de la couleur de peau mais qui n’est pas importante pour moi, Au-delà de la rencontre avec « ma famille » en Afrique, d’autant que sommes tous frères, en tant que êtres humains, il m’importe de faire une approche comparative des civilisations et même de tout autre aspect géographique. En un mot c’est du tourisme mais un tourisme particulier que je fais.

 

Ici en Afrique, c’est la vraie vie. C’est quelque chose qui se rapproche beaucoup plus de l’essentiel, de ce qui est fondamental. En Europe, il y a beaucoup de futilités, des choses qui n’ont pas d’importance. On court après le temps, après l’argent pour avoir le luxe. Ces choses nous éloignent de la nature. Ici en Afrique les gens se débrouillent avec le peu qu’ils ont ; s’il y a quelque chose qui est cassé, ils vont l’arranger et se débrouiller avec. Mais en Europe si quelque chose se casse on va en acheter un nouveau. Du coup, je me retrouve ici en famille parce que je suis adepte des difficultés à relever.

 

Êtes-vous donc séduit par la façon de vivre en Afrique ?

 

 Oui ici la solidarité familiale demeure. Il y a le sens de la famille, le sens même de l’amour. L’égoïsme est humain, mais l’amour est beaucoup plus préservé. Il y a aussi le sens des retrouvailles.

 

Dans la vie il faut se débrouiller. Si tu veux avancer tu vas devoir travailler. Les Africains ont en général, le sens de l’empathie et de l’assistance. En Europe si tu travailles et que tu as un peu d’argent, tu loues ta maison et tu restes dans ton coin. Si toi tu n’as ni maison, ni travail, encore moins de moyens de base, il n’y a pas de possibilité qu’on t’aide.

 

Quels sont les sentiments qui vous animent à présent à mi-chemin ?

Joie, espoir et satisfaction morale m’accompagnent bien que ce qui reste à faire soit encore long.

  

Étant entendu que vous pouvez encourir des risques en transportant beaucoup d’argent, comment assurez-vous vos dépenses tout au long de cette traversée ? 

 

Effectivement les risques sont les compagnons des voyageurs puisque ce n’est guère prudent de se promener avec assez d’argent sur soi ; je me fais faire des transactions financières en cas de besoin et je gère mon quotidien.

 

Avez-vous un message à l’endroit de ceux qui voudraient vous emboîter le pas ?

 

Ils doivent s’armer de détermination et de courage. Mais encore faut-il surtout particulièrement aimer son prochain et sa nature.

 

Réalisé par Guindo Dogolou

Collaboration : Adolphe Kouilahan et Florence Kouakou

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